Née en 1931 à Marseille. Formation à l’art mural et au vitrail, à l’école nationale supérieure des Métiers d’Art, où elle rencontre son futur mari Jacques Juteau en 1949. Expose au Salon d’Automne et au Salon des Artistes décorateurs à partir de 1955. Présidente de la section d’art mural et décoratif du Salon d’Automne. Réalise des œuvres d’art mural, vitraux, mosaïques, tapisseries, et des émaux sur cuivre. Développe la marquetterie de verre ou « vitrail sans plomb » (verre et silicone) dès le milieu des années 1970, notamment dans des réalisations pour des écoles en région Pays-de-la-Loire, et des œuvres exposées avec le groupe Hyalos, dont elle est co-fondatrice. En 1973, elle reprend l’atelier Lorin à Chartres avec son mari Jacques Juteau et Gérard Hermet. Mireille Juteau crée des ensembles pour des édifices en collaboration avec des artistes (Jean-Pierre Raynaud, abbaye de Noirlac, Cher, 1976-1977) ou avec des œuvres personnelles en verres antiques peints.
Intervenir dans l’architecture, ancienne ou moderne, requiert de trouver une composition « propice à la destination de l’édifice », et cette démarche nécessite « d’être sincère vis-à-vis d’une spiritualité personnelle ». « Créer une atmosphère colorée qui exercera une influence psychologique. C’est cette dimension psychologique de la couleur qui m’intéresse ».
La couleur est progression qui compose le vitrail et l’espace, par exemple l’Arbre de vie de l’église de Jambville (Yvelines), 2000-2001. Pour la chapelle d’Ermont (Val-d’Oise), en 1992, qui est un lieu d’exposition et de concert, Mireille Juteau a travaillé sur la « recomposition blanche de la lumière, en équilibrant les tons froids et chauds », à partir de verres blancs, opalescents, et une gamme de gris-mauves et gris-verdâtres.
« En opposition à la peinture de chevalet, la peinture sur verre ne doit pas déranger puisqu’elle n’est pas isolée. Même une restauration est une création, car elle doit remplir le même rôle de fidélité à un esprit des lieux. » L’approche conceptuelle doit être équilibrée par un sens esthétique du lieu, comme c’est le cas à Fontmorigny (Cher, 2003-2004), par exemple, où l’œuvre contemporaine perpétue la lumière cistercienne.
À l’église de Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône), en 1998, la grande baie tripartite compose des colorations chaudes (rouges, roses et blancs), au dessin irrégulier conçu pour qu’il n’y ait aucune perte de verre. Le même principe de vitrerie est appliqué à l’ensemble de l’église de Garnay (Eure-et-Loir), avec une demande de figuration pour le chœur (Ascension et deux saints, 1998).
À l’ancienne abbaye cistercienne Notre-Dame-la-Royale de Maubuisson (Val-d’Oise), Mireille Juteau réalise une composition géométrique basée sur le carré, allant des teintes vertes jusqu’aux bruns.
En ce qui concerne les architectures neuves, elle regrette que le vitrail ne soit pas encore assez prévu dès la conception, notamment pour des vastes baies vitrées. La cohérence entre l’œuvre et le lieu n’en est que plus difficile à trouver et les difficultés techniques sont importantes. Les propositions du groupe Hyalos restent toujours d’actualité : « montrer qu’aujourd’hui l’artiste peintre et le maître verrier ne font qu’un ». Selon Mireille Juteau, « cette action a été éphémère, mais elle a cependant contribué à changer un état d’esprit » que partagent les créateurs de vitraux actuels. Ses dernières recherches s’orientent sur « le traitement et la structure des morcellements de la matière, en glaces émaillées ».
Les expositions sont l’occasion « de réaliser des vitraux de création libre, d’exprimer les rêves inassouvis » en dehors de toute contrainte architecturale.
Dans le cadre du millénaire de la cathédrale de Chartres, elle a créé trois œuvres associant jaunes d’argent et émaux bleus sur verres antiques blancs et de couleur. L’une d’elle, Trivium, est un « hommage à l’efflorescence de l’esprit de l’école de Chartres qui a rayonné sur le reste du monde. En tant que summum dans l’art occidental, la cathédrale de Chartres est un des fondements de notre société ». Mireille Juteau est particulièrement attachée à la qualité du trait de grisaille des fenêtres hautes « au dessin admirable, sans effets, qui contient l’essentiel qui suffit pour montrer tout ».