Né en 1932 à Tunis.
Peintre, graveur, portraitiste (par exemple du Président Bourguiba), caricaturiste pour la presse tunisienne, décorateur pour le théâtre de Radès (Tunisie) et architecte d’intérieur (création et aménagement du musée de la Poste à Tunis, 1962). Formation à l’école des Beaux-Arts de Tunis, poursuivie à Paris où il s’installe à partir de 1964, à l’école du Louvre, aux Ateliers de la Grande Chaumière, aux Ateliers d’Art Sacré, et en ateliers de gravure.
Expositions personnelles depuis 1962, à Tunis, Madrid, Paris, Munich, Versailles. Depuis 1973, il participe plusieurs fois au Salon de l’Estampe, au Salon des Artistes Francophones, et annuellement aux salons parisiens dont il est sociétaire comme le Salon d’Automne, le Salon des Artistes Français, le Salon des Indépendants.
Mohamed Amich est attiré depuis longtemps par le vitrail. Jeune, il a aimé les lieux publics, les mosquées où les claustras de plâtre enserrent de simples verres de couleurs. Un premier essai de peinture sur verre, exposé en 1963 à Tunis, lui avait valu la même année une bourse pour l’étude du vitrail à Madrid. L’année suivante, il vient en France avec l’objectif de faire aussi du vitrail. La ville de Chartres lui avait été indiquée comme lieu unique de formation. Cette exposition est donc l’occasion de rejoindre ce rêve d’origine. De la traduction en verre de certaines de ses compositions abstraites par Bertille Hurard, il attend d’« essayer d’apprendre et de comprendre le verre. Par rapport à la peinture, le vitrail est un autre langage, une autre vision. Ce qui me fascine, c’est que la lumière a son propre langage à travers le verre ».
Au-delà de ses apprentissages, ce sont les musées et les expositions qui ont été son école d’art. « Le musée d’Art Moderne de Paris fut pour moi un laboratoire de créativité ». Il souligne la dimension pédagogique des rétrospectives, où études, esquisses et croquis préparatoires rendent compte de la genèse d’une œuvre, donnant ainsi des clefs pour la comprendre. « Le fauvisme et les prémisses du cubisme – quand il est de couleur -, m’ont marqué. Les Fauves ont changé les données de la couleur, ils ont opéré une révolution ». Il définit l’art moderne de cette époque comme celui de « la libération de l’esprit ». Il témoigne ainsi de sa reconnaissance envers les écoles françaises de la peinture du XXe siècle, mais également envers l’art gothique et l’architecture moderne qu’il aime passionnément et pour laquelle il a porté des projets par exemple un Mur aérien monumental tenu au-dessus d’un cours d’eau (exposé à l’Unesco, Paris, 2000). Ces goûts spécifiques se ressentent dans sa peinture. « Je suis admiratif des actions des Pères de l’Église, qui ont su faire appel aux artistes modernes pour travailler au sein des édifices religieux, comme Manessier, Léger… ». Mais il constate comme une véritable lacune dans l’architecture civile actuelle, l’absence de vitraux ou des autres arts monumentaux.
Une forme de ressemblance entre ses peintures et le vitrail traditionnel a souvent été remarquée. « Cette envie de vitrail, lisible dans mes toiles, fut exprimée sans le vouloir ». Toute une partie de son œuvre figurative constitue un hommage à celles et ceux qui travaillent la terre, les bergers, les pêcheurs et les artisans de la Médina, où il est né. Observer leurs gestes, saisir leurs attitudes et l’atmosphère de leurs ateliers, tout ce que l’artiste se remémore pour les peindre. « Je travaille avec la mémoire », celle des gestes, des hommes et des lumières où ils ont vécu. Les tapissières, le tisserand, le potier, la dentellière, le luthier, le nattier et tant d’autres, nous apparaissent dans la complexité des ombres colorées. Ils s’inscrivent dans des trames, séries de formes quadrangulaires qui décomposent l’espace et la lumière par la couleur. La saturation des teintes est bien sûr celle des « lumières méditérranéennes, aux couleurs un peu crues, un peu dures ».
Notre-Dame de Paris (1988) est « une toile en hommage à la cathédrale et au XIIIe siècle ». Elle représente simultanément le chevet, la façade, l’intérieur et la rose nord qui ressort triomphante, surdimensionnée. « On dirait que c’est une invention de Dieu, de l’Être. Voyez la grande rosace qui subitement sort vers vous. Je ne suis pas croyant, mais je sens la poésie de la croyance, et l’ampleur de l’art sacré ». Évoquant la place de Notre-Dame et de la Sainte Chapelle à Paris : « Heureusement qu’il y a le rayonnement de l’art gothique. J’aurais voulu que l’Assemblée Nationale eût été gothique ! ».