Né en 1934 à Melun.
Peintre verrier, diplômé de l’école nationale des Métiers d’Art. Créateur de vitraux depuis les années 1960, Louis-René Petit réalise de très nombreux ensembles pour des commandes privées et publiques, le 1 % scolaire, les Monuments Historiques. Il a exercé au sein de nombreux ateliers de France, tout en ayant toujours eu le sien propre, dans le Loiret et, depuis 2003, dans les Alpes-de-Haute-Provence. De 1983 à 1989, plasticien et conseiller-coloriste pour des réhabilitations architecturales (Nanterre, Châteauroux, Issoudun, Chartres, Dreux). Réalisations d’ensembles depuis 2000, en collaboration avec les ateliers Loire : abbaye de Sénanque (Vaucluse), 2001 ; Saint-Martin-en-Brière (Seine-et-Marne), église Saint-Martin, 2001 ; La Forêt-Sainte-Croix (Essonne), église Saint-Saturnin, 2002 ; Usclades (Ardèche), église Saint-Blaise, 2003 ; Rasdorf, Allemagne, collégiale, 2003 ; Saint-Brice (Seine-et-Marne), église Saint-Saturnin, 2005.
Louis-René Petit définit le vitrail comme « émission lumineuse, voile tendu entre l’extérieur et l’intérieur, il est ce qui s’installe là, ouverture et clôture à la fois ». Au départ de sa démarche, « sortir du circonscrit et toujours travailler le plan », en créant une relation de nécessité entre le vitrail et l’architecture, où le plan de la couleur agit librement au sein de la structure – des plombs puis de la matière du verre – et de l’ensemble. « Tout en restant une image – figurée ou non – le vitrail est éclairage et passage dans le mur. » Il est « espace », lieu de rencontre et d’échange des valeurs lumineuses, picturales et symboliques. Somme de ces valeurs et de leurs différences – ombre-lumière, transparence-opacité -, il est un facteur dynamique, lieu du devenir. Ordonner les lumières qualifie et rythme les réponses tonales entre les matières, les volumes, en une circulation toujours signifiante avec le genius loci.
« Dissocier la couleur du graphisme du plomb », méthode première, est visible dès le triptyque des Gymnopédies (1969). Sur ce mode, le vitrail prend la forme d’une « suspension » qui traverse la large transparence des fonds et opère la « tension de la couleur » au sein de l’édifice. Les années 1970-1980 sont celles de l’élaboration de son langage actuel, époque très créative par ailleurs avec les activités du groupe Hyalos. Depuis les premières « études » d’apport d’oxydes et de sulfures sur le verre industriel de grand format (float-glass), cuites dans les fours de trempe de l’usine Saint-Gobain à Aniche (Nord) en 1976, la démarche s’oriente vers « l’association de matière et couleur » et ses effets sur la radiance et la luminance. Sans superposer des verres colorés, le peintre crée ses propres subtilités de matières et de colorations qui peuvent progresser « de la transparence complète à l’occultation » au sein d’un verre, avec la même liberté de composition qu’en peinture, versant indissociable de sa « recherche des lumières ». De très nombreux ensembles, par exemple, ceux de l’église de Saint-Jean-du-Doigt (Finistère), 1989-1991, de l’abbaye de Sénanque (église, chauffoir, chapitre en 1994 et chapelle en 2001) ou de La-Forêt-Sainte-Croix, déploient ces possibilités d’unifier par de vastes plans, créer des échelles, faire contre-point, offrir des transparences aux ombres, être un élément graphique coloré ou purement lumineux ; l’autonomie rythmique des plombs en est amplifiée.
Les vitraux de Rasdorf (Allemagne) s’harmonisent avec ceux du XIXe siècle dont ils reprennent les tonalités franches (bleu et rouge) et le motif damassé, traduit en relief opaque. « La couleur épouse le meneau central » dans la nef et le plomb est réduit à la structure. L’oculus, en accord avec le grès ferrugineux et l’enduit clair, présente des plans d’ombres et de lumières éclairés de blancs gravés dans la profondeur des dégradés et de jaunes d’argent.
L’incolore domine à l’église de Saint-Brice (Seine-et-Marne). « Mes compositions s’articulent entre nature du verre et travail du verre, notamment par des surcuissons et des thermoformages. Dans ces verrières nouvelles je concilie brillance et matité, opalescence et accents colorés furtifs pour que leur inscription dans l’édifice conserve à l’espace intérieur son unité avec seulement quelques zones plus définies. »
Travailler selon un ordre permet de nourrir les échanges sur le sens de l’œuvre à proposer : « L’important est le site, puis ce à quoi il sert, et enfin les membres de la communauté qui en font partie. Ils sont conscients de la lumière de leur pays et de leur architecture, qui les aide à vivre là et à prier. » Toutefois, « les désirs des commanditaires sont à transcender », car le vitrail vise la pérennité, tandis que les hommes et leurs goûts changent rapidement.
« Le peintre verrier, outil et instrument, contraint et disperse une des premières matières premières de la création : LA LUMIÈRE ». Il doit « construire en sachant que rien en cet art, n’est jamais résolu ».