Né en 1946 à Paris.
Diplômé des écoles parisiennes des Arts Appliqués aux Industries, des Arts Décoratifs, des Beaux-Arts, et de l’université. Lauréat de la Casa Velasquez en 1980.
Essentiellement peintre, « son apprentissage de tous les matériaux » lui permet de s’inscrire dans l’architecture pour laquelle il réalise des œuvres monumentales en céramique, béton, peinture murale et sculpture. Il crée pour l’art sacré des autels, du mobilier, et aussi des chasubles tissées au monastère de Notre-Dame-de-la-Merci-Dieu à Saint-Jean d’Assé (Sarthe).
Le remaniement du chœur de l’église Saint-Étienne de Romorantin (Loir-et-Cher) offre à Pierre Le Cacheux ses premières réalisations de vitraux, en dialogue avec l’abbé Leroux. « C’est à son initiative que j’ai pu y travailler à la fois le verre et d’autres matériaux ». En 1991, est posé le premier verre sablé dont les bordures comprennent des attaches triangulaires en bronze : « je voulais que le vitrail soit pris comme un voile ». C’est à l’occasion de ce projet réalisé aux ateliers d’Hervé Debitus à Tours, qu’il découvre les verrières de protection thermoformées destinées aux vitraux anciens. Le souhait naît alors de se servir de cette technique pour ses créations, sans recourir à une empreinte moulée, mais à une empreinte donnée par le tracé direct sur le plâtre réfractaire placé dans le four. « Cela offre une liberté et un modèle unique. Le but est de figer un instantané ». Ceci suppose la définition préalable d’un schéma de composition et la maîtrise des impressions faites au plâtre, geste similaire à celui du peintre sur la toile qui « travaille avec ce qui se fait sous ses yeux ». Trois verrières thermoformées et émaillées seront posées en 1995, suivies, en 1999, de la création d’un baptistère et d’un autel, sans apport de couleur. Par la transparence, Pierre Le Cacheux voulait l’affirmation d’une double présence, réelle et immatérielle.
Traiter le verre par ce moyen impose une rigueur dans le maniement de la couleur « qui ne peut pas être exagérée car elle peut devenir très vite insupportable si elle n’est pas canalisée dans une vision ». « Quand je travaille la couleur, je ne thermoforme presque plus. Il faut compenser le volume du verre, le retenir par rapport à la couleur, pour arriver à ce que la forme ne lutte pas avec elle. Pour se démarquer de la technique du plomb, la couleur doit être libre par rapport à la forme, c’est ce qui m’intéresse le plus. » La relation idéale entre couleur et forme au sein du verre serait d’y retrouver les subtilités de transition de l’aquarelle.
Dans sa démarche, l’artiste a jusqu’ici écarté le fusing, arrêté par la restriction de la gamme des verres proposés pour cette technique et sa mollesse d’aspect après cuisson.
« Le verre thermoformé sans couleur rend au verre sa présence en tant que verre pur. » Le sans-couleur permet justement de faire vivre au sein du vitrail les couleurs de son environnement. « Tous les mouvements qui interrompent la lumière blanche, somme de toutes les couleurs, vont colorer par soustraction le vitrail, que les creux et les bosses de sa surface diffuseront ».
Le vaste ensemble de l’abbaye de la Trappe à Soligny (Orne) qui sépare l’église du cloître est réalisé dans cet esprit (ateliers H. Debitus, Tours, 1998-1999), en correspondance avec l’esthétique cistercienne des lieux.
De même, à l’hôpital Notre-Dame-du-Lac de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), Pierre Le Cacheux crée les vitraux de l’espace d’accueil et de la chapelle attenante (réalisation avec les ateliers Loire, 2005. Architecte Royer Winogradof). Les vitraux de la chapelle sont peints avec des céments, en accord avec la tonalité ocrée du décor qui transparaît dans les reliefs du verre.
« Quand on construit quelque chose, il faut trouver un esprit et s’y tenir ; toujours être à l’écoute du sens voulu par le commanditaire est aussi la base de la démarche. Chaque lieu répond à un besoin. On ne fait pas n’importe quoi. Le choix du matériau se fait en raison de sa fonction et de sa résonance particulière dans l’édifice. » Le verre thermoformé est particulièrement adapté à l’architecture d’avenir. « Grâce au thermoformage, le verre reprend sa puissance minérale. On peut vraiment allier les opacités et matités des murs à celles du verre thermoformé, imaginer les prolongements du dessin architectural, du volume et de la couleur par le verre, ce qui conférerait une unité formidable aux architectures ».