La création de vitraux pour une église concerne principalement la commune propriétaire de l’édifice(lorsque celui-ci a été construit avant la loi de séparation de l’Église et de l’État, c’est-à-dire 1905) et le clergé affectataire (par le biais souvent d’une commission d’Art Sacré) ainsi que le service des Monuments Historiques ou celui des Bâtiments de France lorsque l’édifice est protégé au titre des Monuments Historiques (classement ou inscription). Mais il ne faudrait pas négliger d’autres acteurs et d’autres enjeux d’un tel projet.
Les questions économiques, sociales même, ont leur importance. Vouloir des vitraux est une chose, trouver l’argent pour les réaliser en est une autre. Qu’on en parle ensuite en serait une troisième.
Si les collectivités à différents niveaux peuvent apporter un soutien financier à de tels projets, elles ne le font généralement pas de manière totalement désintéressée. L’État peut financer des projets de création, mais alors il proposera aussi des candidatures d’artistes reconnus sur la scène internationale.
C’est un cas de figure que l’on connaît bien, et qui peut réussir au sens artistique, comme échouer ; les expositions du CIV sont là pour en faire le bilan en quelque sorte. Mais on peut imaginer aujourd’hui qu’une région choisisse de financer un projet de création de vitraux en ayant compris l’impact d’une création ambitieuse auprès de la population locale et auprès des touristes. En choisissant des artistes moins connus sur le plan national ou international mais, malgré tout, suffisamment « inspirés », qui auraient des attaches avec la région (soit en y habitant, soit en étant originaire de celle-ci), les chances de réussite globale du projet peuvent être aussi importantes.
« …Le conseil général planche donc actuellement sur le développement de nouveaux pôles touristiques et culturels. Certains existent déjà, mais pourraient être étoffés, à l’exemple des parcs du château de la Ferté-Vidame et de l’abbaye de Thiron-Gardais. D’autres devraient être initiés : un « land art » (comparable au labyrinthe de Touraine) près d’Orgères-en-Beauce, lié à la Route du blé et un centre d’art contemporain à Dreux…
…Chartres ne serait pas concernée, puisque déjà bien pourvue avec un moteur comme la cathédrale et des musées tels que le Compa, même si le musée des Beaux-Arts est aujourd’hui quelque peu en sommeil. S’il reste évasif sur le lieu d’implantation d’un centre d’art contemporain dans le Drouais, Albéric de Montgolfier évoque un financement à travers le contrat de plan…
…Gérard Hamel, le député-maire de Dreux compte bien profiter de l’aubaine. Il ne cache pas que ce centre d’art contemporain pourrait naître sur le site de l’ancien arsenal, un monument classé en plein centre-ville, qui abritait encore il y a peu le marché couvert… »
« …Les Euréliens inquiets
À travers les 17 000 réponses des Euréliens interrogés dans le cadre du livre blanc (initié par le conseil général pour définir les objectifs du département pour les quinze ans qui viennent) et qui ont permis au conseil général d’établir 20 propositions pour l’avenir, la préoccupation culturelle figure en bonne place. Exemple : 43 % d’Euréliens sont pessimistes sur le devenir du département en la matière, déplorant pour certains d’entre eux « le désert culturel » que serait l’Eure-et-Loir.
Parmi les domaines où ils souhaitent que des actions se développent, ils sont 68 % à citer l’emploi, mais quand même 25 % à mettre en évidence la nécessité d’équipements sportifs et de culture. Dans les mesures prioritaires en faveur des loisirs, ils sont 24 % à souhaiter des grands équipements et des événements culturels et 28 % à militer pour la mise en valeur du patrimoine culturel et urbain… »
Si Gallardon ne peut représenter un pôle culturel touristique particulièrement attractif pour la région (les portes d’entrée au nord de celle-ci sont Dreux et Chartres) elle peut en représenter un au niveau départemental.
Avec Nogent-le-Roi, Dreux et Chartres, Gallardon constituerait un itinéraire du vitrail relativement resserré au nord du département, un circuit facilement abordable pour des touristes pressés de découvrir l’art du vitrail du moyen âge au XXIe siècle en passant par la Renaissance (à Nogent-le-Roi et Dreux), le XIXe (à la Chapelle Royale de Dreux, à Chartres avec les productions Lorin), et les XXe et XXIe siècles illustrés à Chartres au CIV et à Gallardon.
En conclusion, on peut émettre l’hypothèse qu’une dépense dans la création de vitraux pour l’église de Gallardon aurait une contre-partie en termes de développement touristique local avec des incidences économiques significatives. Il n’y a pas eu dans le département de grande réalisation en vitrail depuis un siècle, et cela malgré la présence de plusieurs ateliers connus mondialement.
Venant admirer les vitraux de Chartres les touristes « culturels » s’arrêteront volontiers à Gallardon venant de Paris. D’autres accepteront eux aussi d’être conduits et guidés dans le triangle que nous dessinent Chartres, Gallardon, Nogent-le-Roi et Dreux.
Sources :
L’Écho républicain
Samedi 26 et dimanche 27 avril 2003
Le département mise sur un centre d’art contemporain
Philippe Cavart