Certains éléments d’une église participent comme décor ou accessoire à la liturgie, au culte. D’autres n’y participent pas ou plus, parce qu’ils sont très anciens et que la liturgie a changé depuis ou évolué. Mais si l’on veut imaginer de nouveaux vitraux pour Gallardon, il faut certainement, et avant toute chose, connaître et rappeler ce qu’est la liturgie actuelle de l’église catholique. Car si les éléments anciens du culte doivent être conservés, alors qu’ils ne servent plus, parce qu’ils sont des témoignages archéologiques, historiques ou artistiques, il serait absurde de concevoir de nouveaux éléments cultuels ou liturgiques qui seraient inadaptés ou contraires même à la liturgie actuelle.
« …Au moment où diminuent les baptêmes de bébés… augmente d’année en année le nombre des adultes candidats au baptême. Corrélativement, on retrouve peu à peu les rites de l’initiation chrétienne…
…(les baptistères) ont peu à peu disparu, ayant perdu leur usage et leur signification…
…Après la réforme tridentine, l’architecture s’est centrée de plus en plus sur un autel monumental, lieu d’exposition du Saint-Sacrement… Dans la nef, la chaire du « Sermon » servait à l’instruction chrétienne.
…Demain l’eucharistie restant l’action liturgique majeure, nos lieux de culte devront habiter bien d’autres rites que ceux de la messe : accueil, catéchèse, « scrutins », réconciliation, etc… Même les assemblées du dimanche devront refaire une « messe des catéchumènes » pour chrétiens en devenir. C’est l’image globale du lieu d’assemblée des chrétiens qui se trouve mise en cause par ces modifications profondes…
« … Se repose ici la question fondamentale de l’organisation des lieux, espaces de circulation, assemblée enveloppante, juste place de l’ambon, bonnes proportions de l’autel, emplacement de chaque ministre, etc… Lorsque chacun de ces lieux retrouvera sa vérité rituelle et mystérique, n’importe qui ne pourra plus y accéder n’importe comment, vêtu de n’importe quelle manière.
…Déjà dans la catéchèse pour le commentaire des récits bibliques, et dans les rites pour le choix des objets de culte, on retrouve le sens et le goût du chemin « mystérique » que les images nous ouvrent vers l’invisible grâce à l’imaginaire biblique et chrétien… »
« Voici que je fais toutes choses nouvelles ». D’un bout à l’autre de la Bible, résonne le cri de la nouveauté comme la parole même de la Révélation.
« …La création artistique procède de cette soif de nouveauté et, en régime chrétien plus spécifiquement encore, comme si l’artiste était le témoin le plus habilité pour honorer la puissance de création à la hauteur de l’investissement divin. Le seul fait d’appeler à la création artistique est déjà une réponse à la création divine, un acte de foi dans cette puissance d’invention de la vie comme seul critère celui du créateur qui vit « que cela était bon ».
De manière constante l’Église entretient avec les artistes un rapport positif … l’artiste est toujours sollicité pour rendre l’image de la beauté sans laquelle Dieu ne peut être reconnu. Et chaque fois il y a nouveauté, création inédite. Il n’y a pas d’art chrétien au sens d’un art qui serait prédéterminé par la commande chrétienne et qui existerait une fois pour toutes, condamné à se reproduire dans la stérilité d’une formule unique…
…La commande adressée à l’artiste engage les chrétiens dans une aventure qu’ils ne maîtrisent pas, mais qui conduit au-delà des sentiers battus sur les lieux mêmes des origines, là où Dieu est créateur précisément… »
Que peut-on envisager comme indications par rapport à la création envisagée à Gallardon ?
Premièrement que la liturgie en vigueur à Gallardon déterminera le ou les sujets des verrières à vitrer. Il faudra penser à l’usage des chapelles rayonnantes, à celui du déambulatoire, enfin à celui des baies hautes du chœur en distinguant peut-être les baies d’axe ou du rond-point, et les baies des parties droites.
Deuxièmement que la création doit être véritablement une création au sens premier, comme le rappelle Jean-Paul Deremble, en nous conduisant aux lieux mêmes des origines, de la Création, c’est-à-dire de la Genèse.
Si l’on considère donc comme usage liturgique du vitrail d’être un support pour le commentaire des récits bibliques (Joseph Gelineau) ou pour « donner formes » aux rites chrétiens : apporter la Croix, le Livre, le Pain et le Vin… ou pour annoncer la « Bonne Nouvelle » : le Christ est ressuscité et cela est promesse de résurrection pour chacun d’entre nous, que rien n’est fini après la vie, on voit que les sujets de représentation ou d’évocation ne manqueront pas.
Sources :
« Nouvelles données liturgiques », Joseph Gelineau dans « Chroniques d’Art Sacré »
« La tradition chrétienne et la création artistique « , Jean-Paul Deremble, pp. 5 à 8 dans Chroniques d’Art Sacré