Né en 1951 à Braunschweig (Allemagne). Formation aux écoles des Beaux-Arts de Braunschweig et Alanus de Bonn. Plasticien verrier autodidacte. Tous premiers essais de verres fusionnés pour sa première réalisation de vitraux en 1976, « sandwich » de verres colorés pris entre deux verres armés (église Andrieskerk d’Amsterdam). Réside en France depuis 1978. Enseigne au Centre International du Vitrail. Nombreuses expositions dans toute l’Europe et aux États-Unis. Parallèlement à ses recherches picturales, très nombreuses réalisations d’ensembles pour des bâtiments civils en Europe, déclinant plusieurs techniques et approches architecturales centrées sur la couleur, des premiers collages de verres (1977) aux fusions et thermoformages actuels : travaux portant sur la dynamique optique et la projection de couleurs au sein de l’architecture (banque ING, Amsterdam, 1987 ; paroi courbe de verres transparents colorés, Thiers (Puy-de-Dôme), 1994) ; panneaux indépendants placés devant des baies vitrées (clinique, Moulins (Allier), 1996) et éléments d’architecture (demi-disques de couleurs, école de musique, Hamburg, Allemagne, 2004). Prix Liliane Bettencourt, 2001 ; grand prix national SEMA, 2003 ; Coburg Glass Price, Allemagne, 2006.
Les recherches récentes sur « la troisième dimension de la couleur » passent par des œuvres sérielles de dimensions réduites qui aboutissent à des applications architecturales, comme à l’auditoire Jean Calvin de Genève (2004-2005), au Crédit Mutuel de Colmar (Haut-Rhin), 2003, et dans la crypte de la cathédrale de Chartres (2006). Un Rideau de lumière délimite désormais le baptistère de la crypte sud, particulièrement longue en raison de sa fonction processionnelle et qu’Udo Zembok ressent comme « un cheminement plutôt qu’un lieu ». Cette verrière y crée « un espace de transparence », qui rend intime celui des fonds baptismaux, tout en laissant perceptible l’ensemble. Divisée en six grands panneaux de verres fusionnés, elle abolit les fragmentations habituelles des baies, lisible sur ses deux faces. Par ses vastes dimensions, c’est une innovation technique, dans la lignée de celle exposée à Barcelone en 2002 (Mur, Galerie Espai Vidre, 2002).
« Le travail commence par la perception des éléments constituants de la couleur pour aboutir à une composition. » La fusion de plusieurs verres incluant des strates d’oxydes qui restent lisibles dans l’épaisseur, la couleur fait corps avec le verre, prend une densité peinte de l’intérieur. Les séries, Hommage à Rothko (2000-2002), Complémentaire 1 (2003), Colourfields (2005-2006) et Contrastes simultanés (2004-2006), montrent les pouvoirs optiques de la couleur ainsi traitée, qui créent des volumes au sein du vitrail. « Ces œuvres plus intimes et plus personnelles, sont un laboratoire d’idées, esthétiques et formelles. Techniquement j’ai toujours affiné les procédés pour permettre cette lecture en profondeur de la matière. J’aborde la troisième dimension non comme un sculpteur mais comme un peintre. Mon champ de recherche est la couleur, l’expressivité de la couleur comme sujet et non plus comme attribut. Le langage créé par la couleur n’est pas conceptuel mais immédiatement ressenti, j’enlève toute référence à une lecture narrative en mettant l’accent sur les monochromies ou bichromies. La rencontre entre les couleurs me plaît en elle-même. C’est elle qui raconte une histoire. »
La verrière de la crypte poursuit le travail de l’auditoire de Genève. « Techniquement et esthétiquement, c’est une démarche évoquant le contraste et l’opposition entre la fonction cultuelle et la fonction de l’enseignement. La symbolique passe par la couleur et non pas par la forme, qui est ici minimaliste (bandes de couleur horizontales). La forme découle d’une atmosphère colorée et non pas l’inverse. »
« Newman, Reinhardt, Rothko, De Kooning… ont été les pères de mes recherches, j’ai été porté par cette mouvance-là. » Dans le domaine du verre, « Florian Lechner fut un de mes maîtres, c’est grâce à des œuvres comme les siennes que j’ai osé aller dans cette direction ». L’artiste verrier Florian Lechner a révélé que le verre industriel thermoformé pouvait être un support poétique propre à la création de vitraux, de sculptures et œuvres monumentales, comme par exemple des fontaines de verre, des colonnes (Centre international du Vitrail, 1989). « La rétrospective Mark Rothko (Paris, 1999) a eu un grand retentissement dans les mentalités, elle a participé à la maturation de la perception de la couleur. »
Dans le domaine de l’architecture, il constate que « peu de personnes savent travailler avec la couleur, par exemple sur la peau extérieure du bâtiment ». Sa démarche, Udo Zembok la résume en disant qu’elle tend à « détacher le phénomène coloré, optique, visuel, de son support matériel, pour s’approcher des origines immatérielles de la couleur ».
Exposition d’Udo Zembok au Centre International du Vitrail. Cliquez-ici